Marche en Nouvelle Aquitaine, juin 2022.

Du 4 au 18 juin de Noirmoutier-en-l’île au bassin d’Arcachon , rencontre prévue sur le domaine de Certes et Graveyron à Audenge, conservatoire du littoral.

Samedi 4 juin, 2022. Noirmoutier-en-l’île et Notre-Dame-de-Monts

Arrivée à Noirmoutier dans l’après-midi. Vu les salines et les petits jardins de mer. Passée sous le pont de l’île pour rejoindre les dunes où quelques lièvres détalent au son de mes pas. Forêts de pin, odeurs sylvestres et sons de mer pour une symphonie des sens. Cabanes dans les bois.

Dimanche 5 juin, 2022. Notre-Dame-de-Monts, Saint-Jean-de-Monts et Saint-Gilles-Croix-de-Vie

La directrice du camping de la Caillebotière débarque en trottinette électrique pour l’inspection de la chambre avant mon départ. Elle est fringuante et souriante dans son ensemble jaune fluo qui fait ressortir le bronzage caramel de sa peau. Je retrouve le GR8 qui serpente à travers bois derrière les dunes avant de rejoindre la plage de la Parée Grollier. La plage immense et plate accueille chars à voiles et cerfs volants. Je bois un café et je m’achète une casquette à Notre-Dame-de-Monts. Je continue par la plage pour arriver au niveau du Pont d’Yeu dont la chaussée rocailleuse qui relie le continent à l’île apparait uniquement lors des grandes marées, invitant pêcheurs et promeneurs à marcher sur l’eau.

Longue marche sur le sable bordée de mer et de dunes. Au bout d’une petite heure, les immeubles de Saint-Jean-de-Monts apparaissent comme un mirage. Et sur ce fond de scène, j’aperçois des pêcheurs de « pignons » comme on dit en patois. Ils sont quelques-uns à creuser le sable à la cuiller en laissant derrière eux de jolies sculptures de sable mouillé. Il est temps d’aller remplir ma gourde.

De retour sur la plage à marée basse, je quitte mes chaussures pour marcher pieds nus. Un nudiste s’approche de moi et engage la conversation. Il vient de Nantes et nous abordons la question de l’érosion de la côte. « Les brises-lames de Noirmoutier sont déjà quasiment sous l’eau » me dit-il. Je continue les pieds dans l’eau. les vagues défilent petitement mais en continu. C’est un chant qui résonne au fond des oreilles, uniquement interrompu par le cri des enfants qui construisent des châteaux de sable. Sur 27 km parcourus, j’ai compté 13 châteaux de sables et 6 grands trous. Je me demande qu’est-ce qui nous fait construire et creuser, détruire pour reconstruire?

Un dauphin gît mort sur la plage. Il sourit à ses entrailles exposées au soleil.

À l’approche des villes de bord de mer, les enrochements et les rocailles cimentées remplacent le sable. Et soudain, la tempête éclate à saint-Gilles-Croix-de-vie. La mer devient noire et blanche. J’arrive à me faire conduire à l’hôtel avant d’être totalement trempée. Le couple qui me prend en stop me renseigne sur la « Sardinha Cup« , régate qui relie Saint-Gilles à Figueira au Portugal, honneur à l’histoire du savoir-faire de la sardine qui relie mon pays à celui dans lequel j’habite.

Lundi 6 juin 2022. Saint-Gilles-Croix-de-vie, Bretignoles-sur-mer et Sables d’Olonne

Départ de Saint-Gilles par la plage. Je me retourne sur mes pas régulièrement pour observer cette ville posée sur la mer avec ses enrochements réguliers et stratégiques.

Au niveau de Bretignoles, la plage étant interrompue par la mer à marée haute, j’emprunte le remblai. Le bord de mer est cimenté, enroché, rempart contre la mer pour protéger des maisons secondaires pour la plupart fermées. Je m’arrête dans un restaurant de bord de mer pour le déjeuner. En payant l’addition, la patronne me demande où je vais. J’aborde le projet de la marche sur l’érosion du trait de côte et l’élévation du niveau de la mer. « Ah oui, bien sûr, on le voit bien » me répond-elle. « Il y a sûrement des associations qui s’occupent de ça, mais je ne les connais pas. » Je reprends le chemin de la plage. La marée est basse et le sable plat, argenté. Je retire mes chaussures et observe les cailloux. Roches striées, sculptées par le vent. Les effets de brillance et de couleurs révèlent les trésors de la mer. Parfois les rochers sont renforcés par du ciment ou des roches posées par l’homme de manière ordonnée.

Et puis, la plage s’étire pour devenir longue, très longue. J’avance seule entre les dunes et la mer. Le vent souffle et résonne dans les oreilles, mais le son de la mer résonne ailleurs. Je me concentre mais je n’arrive pas à comprendre où? Je le sens dans mon ventre. Passerait-t-il par le sol? Vient-il de l’intérieur de mon corps comme un écho des fluides? Quelques jours plus tard, j’ai Thierry au téléphone pour lui soumettre ces questions fondamentales. « Le vent s’entend parce qu’il percute nos oreilles. Lorsqu’on entend le vent, en fait, c’est notre oreille qu’on entend. Mais la mer, c’est différent. Le son bas est si puissant qu’il vibre ailleurs. On l’entend, on le ressens certainement par la peau » Moi j’ai l’impression en marchant que ce son pourrait passer par les pieds. On sait maintenant que les os sont conducteurs de son. Alors si je marche sur le sable mouillé où la mer dépose son roulement incessant de vagues, peut-être que le son passe par les pieds pour remonter le long du corps. J’entends la mer par les pieds.

Cette sensation d’entendre la mer résonner partout dans mon corps me poursuit le long des plages sans fin. J’en rêve la nuit et j’y pense dès le réveil. Et justement quelques jours plus tard, me réveillant dans une chambre silencieuse, je reste allongée un moment pour apprécier ce vide matinal. La tête posée sur l’oreiller, je bâille fortement et je me surprends à ressentir cette vibration de la mer, qui résonne cette fois-ci à l’intérieur de ma tête. C’est comme si je bâillais pour la première fois… Je m’y reprends à plusieurs reprises pour confirmer la sensation. Allongée, je peux activer ce son interne en clignant des yeux très fort. Ce clignement entraîne le bâillement qui vient agrandir ce son. La vibration devient immense et occupe tout l’espace de la tête. La mer est l’éternel recommencement d’un début qui n’est jamais exactement le même.

Je termine la journée sous la pluie, trempée et exténuée après avoir parcouru 31,5 km.

Mardi 7 juin, 2022. Sables d’Olonne, Talmont-Saint-Hilaire, Jard-sur-mer.

Passé la nuit sans dormir au camping de la dune des sables. Le vent a soufflé si fort, j’ai cru qu’il emporterait la tente et moi avec. La mer excite nos sens et nous maintient éveillés. Je pense aux marins, aux pécheurs et à leur veillées sur la mer. Je repense au film de Vogel et Karminker « La mer et les jours » dont le scénario est écrit par Chris Marker. On entend cette voix-off: « la nuit tomba sur une mer vide et une île peuplée d’ombres… Une île cent fois recouverte par les raz-de-marées, une île défendue par ses digues… Depuis 1924, son évacuation est ordonnée mais aucun de ses 1000 habitants n’accepte de la déserter. Ils ont fait un pacte avec la mer. D’elle seule vient le danger et d’elle seule la subsistance. »

Je quitte les Sables d’Olonne par le remblai après avoir vadrouillé un peu dans son port et dans ses petites rues. Je passe par le puits de l’enfer où les voitures se garent sur un parking prévu pour que les automobilistes puissent s’y arrêter. À Cascais au Portugal, il existe un endroit similaire « a boca do inferno » qui signifie la bouche de l’enfer, est une falaise abrupte avec une faille rocheuse qui tombe à pic dans la mer, comme un couloir vers la mort. On y jetait des chiens pour les tuer. J’ai toujours connu cet endroit pour ses fruits secs, ses gâteaux appelés queijadas et son marché artisanal. Ici, les gens se contentent de regarder la mer du haut de la falaise et se prennent en photo au dessus du gouffre rocheux. Le remblai est longé d’une piste cyclable et ponctué de bancs qui font face à la mer. En quittant la ville, les villas deviennent de plus en plus grosses et de plus en plus dissimulées. Arrivée au bois du Roy après la baie de Cayola, le GR8 qui longe la mer est condamné à cause de l’érosion. Et comme le chemin est coincé entre la mer et les propriétés privées, impossible de trouver un passage. Les risques de chute de pierre et d’éboulement m’obligent à faire demi-tour pour retrouver la route départementale. Je reprends la piste cyclable goudronnée qui jouxte la départementale et qui attaque les genoux. Je traverse villas, golfe, condominium et villages vacances qui offrent un cadre parfaitement artificiel à toute personne voulant se sentir en sécurité dans la verdure maîtrisée.

Le camping des dunes se trouve au milieu des marais sur le chenal du Payré. J’avance par des chemins de terre bordés d’eau stagnante et opaque, maîtrisée par des écluses, des grands robinets et des murets cimentés. Vase, vasque, terre plate, vert amande, beige et marron. Les oiseaux surgissent des herbes hautes pour s’envoler en rasant le paysage.

Mercredi 8 juin, 2022. Jard-sur-mer, Saint-Vincent-sur-Jard, la Tranche-sur-mer.

Encore une nuit sans sommeil. Cette fois-ci ce n’est pas le vent de la plage mais la pluie qui m’a empêchée de dormir. Je me réveille cabossée. Je pars visiter le port de la Guittière où j’observe les ostréiculteurs en pleine activité. Chacun a installé son petit coin de dégustation de manière plus ou moins coquette. Les bassins se remplissent où se vident d’eau selon les étapes de production. Malgré l’heure matinale, il y a déjà quelques promeneurs qui longent la rue du Port. Je passe au camping récupérer mon sac et dire au-revoir à la patronne avec qui j’ai sympathisé la veille sans oser aborder le thème de le montée des eaux. Ici, je sens que le sujet est sensible et je ne sais pas trop comment m’y prendre. Je rejoins Jard par la piste cyclable des marais et j’arrive dans la bourgade de bord de mer par les terres humides. Je déjeune un filet de colin avec du riz blanc chez Fifi, histoire de me remettre d’aplomb. À l’heure du café, j’engage la conversation avec une dame qui s’intéresse à mon sort de randonneuse solitaire. Je lui explique le projet en quelques mots maladroits auxquels elle réagit par un « Ah oui bien sûr. Il suffit de regarder. Il ne faut pas avoir fait des études pour constater ce qui se passe. C’est simple, continue-t-elle, le puits de l’enfer, il était là et maintenant il est là » dit-elle en faisant des gestes incompréhensibles avec ses mains. J’essaie de creuser le sujet, de comprendre si elle a une opinion, mais elle se défile en m’expliquant qu’elle n’est que résidente secondaire. Elle paie l’addition et détale d’un pas assuré. Le sujet est décidément difficile à aborder. Dès que j’en parle, j’ai l’impression de sortir ma faucille telle la mort qui vient cueillir ses âmes. Alors… Comment pourrais-je aborder le sujet sans offenser, sans faire fuir et sans faire peur? Est-ce seulement possible? Faut-il s’y prendre avec humour? Je repense à ce texte d’anticipation d’Eric Tabuchi qui évoque le scénario inverse pour le futur. Au lieu de monter, la mer recule et se retire si loin qu’on ne sait plus quoi faire de toute ces hectares de terre fertile.

En traversant Jard pour arriver sur mer, je m’arrête devant une jolie maison bleue sur laquelle je lis un écriteau : « Suite à la mise en place des congés payés, quelques résidences secondaires ont été construites dès la fin des années trente. Mais c’est principalement après la guerre que se développe cette nouvelle forme d’habitat entre le centre bourg et le littoral. Construite en 1948, la villa Fleur des Dunes était la maison la plus proche de la mer, dans ce quartier; devant elle s’étendaient les dunes de sable, les pins et les anciennes vignes qui montaient le long des troncs des pins, d’où le nom de Boisvinet. » La villa en question se trouve à quelques 800 mètres de la mer. En voyant la quantité de maisons construites sur cette distance dans les 75 dernières années, nous comprenons bien que le problème n’est pas celui d’une mer qui monte, mais bien celui des hommes qui avancent sur elle pour s’approprier des terrains qui sont, par leur nature même, mouvants et dynamiques. Insoumis et indomptables.

Je poursuis mon chemin par la plage et je croise le premier randonneur du GR8. Jusqu’à présent je n’avais croisé que des cyclistes en itinérance, des coureurs, des « nordic walkers » ou des promeneurs de chiens. On s’arrête on prend le temps de se saluer et de se souhaiter une bonne continuation. En nous croisant, nous allons échanger nos itinéraires. Il passera par les chemins que j’ai parcouru et moi j’irai marcher sur ses pas.

Sur la plage, je croise des blockhaus décorés dans des styles parfois douteux. Le chemin de bord de mer est coupé par le musée Georges Clémenceau. Je marche sur le sable pour arriver à Saint-Vincent-sur-Jard et découvrir le petit théâtre de mer. Architecture circulaire pour l’extérieur. J’imagine des spectacles de fin d’année, des concerts, des réunions d’agglomération. Le cercle est l’espace magique où les corps convergent les uns vers les autres. Sur le bord de mer, je vois encore des bancs face à la mer et je me fais cette réflexion que la mer connait et connaitra toujours des spectateurs assidus guettant ses mouvements et ses couleurs ou simplement absorbés par l’effet hypnotique des vagues. Je rejoins la plage à marée basse pour quatre heures de marche les pieds dans l’eau avant d’arriver à la Tranche-sur-mer pour deux nuits. Repos, travail et mise à jour de l’itinéraire et réservation des nuitées pour la deuxième partie du voyage.

Jeudi 9 juin, 2022. Tranche-sur-Mer.

Je suis en terre connue puisque je passe mes étés ici depuis quelques années. J’ai contacté la mairie pour essayer d’échanger sur le projet avec un élu, mais je n’ai pas réussi à obtenir de rdv. Juste un mot de politesse « on vous rappellera ».

Je vais voir les quelques personnes que je connais ici. Le thème de la marche n’accroche pas vraiment à la conversation. Les gens d’ici savent que la mer n’est pas toujours facile mais ils font avec. Ici, rien n’a changé depuis Xynthia. Avant la tempête survenue en février 2010, il y avait des arbres sur toute la dune, de telle sorte qu’on ne voyait la mer qu’à travers les troncs. La dune était plus haute aussi, maintenant la vue est dégagée pour laisser aux habitants et aux vacanciers le plaisir de se perdre dans l’azur des eaux.

Vendredi 10 juin, 2022. La Tranche-sur-Mer, la Faute-sur-Mer, l’Aiguillon-sur-Mer et La Rochelle par le train.

Je marche sur cette belle plage de la Tranche-sur-Mer en observant les maisons de bord de mer et surtout les moyens que chaque propriétaire a déployé pour ériger ses fortifications contre l’ensablement et la montée des eaux. Je passe par un chemin d’accès effondré et un jardin donnant directement sur la plage mais dont le portillon a été condamné car la dune a baissé d’au moins 3 mètres. On risquerait de se casser une jambe avant d’aller nager. Arrivée à la Belle Henriette, la marée qui a monté me bloque le passage et m’oblige a traverser un bras d’eau avec mon sac à bout de bras. Je garde mon short que je trempe totalement en oubliant que mon portefeuille se trouve dans la poche arrière. Je mettrai mes papiers à sécher quelques mètres plus loin. Les appareils électroniques sont saufs! Ouf! Je marche à présent sur une zone interdite, puisque réservée aux espèces animales et végétales. Je croise quelques crabes qui me saluent de leurs pinces menaçantes et je cherche à gagner le remblai endigué. Enfermée à l’extérieur de la zone piétonne, je suis obligée d’escalader un ponton en bois monté sur pilotis et de franchir ses barrières. J’y arrive tant bien que mal.

Arrivée à la Faute-sur-Mer, je cherche les traces de la tempête sans rien trouver. Casino, aires de jeux et mini-golf colorés égaient l’atmosphère. Je mange une galette complète et je repars sur les traces de la catastrophe. Je me dis qu’en passant par l’artère qui rejoint la mairie, l’église et l’école, je finirai bien par trouver quelque chose. Rien sinon des fleurs que je cueille comme un hommage aux morts. Des fleurs et des maisons dont certaines portent des noms ou sont protégées par des portillons en forme de vagues qui évoquent étrangement la montée des eaux. La faute sur la mer. Ce n’est qu’une fois sur le pont qui rejoint la Faute à l’Aiguillon que je vois une stèle en hommage au 29 morts de la tempête Xynthia. Le cauchemar se partage entre les deux communes, qui se donnent la main au dessus du Lay.

La Sèvre Niortaise, m’oblige à faire un si grand détour par les terres, que je décide de rejoindre la Rochelle par le train. Le car qui doit m’emmener à Luçon ne passe pas à l’heure prévue. Je me résigne à prendre un taxi pour ne pas perdre ma liaison. La dame qui me conduit à la gare connaissait quatre personnes qui sont décédées le soir de la tempête. « La mairie et la préfecture n’auraient jamais dû donner l’autorisation de construire sur ces terrains, jamais. Pourtant, les anciens racontent que des tempêtes comme Xynthia ont toujours existé. En moyenne tous les 80 ans. Les gens savaient. D’ailleurs les soirs de tempête, ils dormaient au premier étage et ouvraient toutes les portes et fenêtres du rez-de-chaussée pour laisser l’eau passer. »

Arrivée à la Rochelle pour la nuit, je passe une très bonne soirée en compagnie de ma chère belle mère. Je constate que le rez-de-chaussée a été inondé. Le sol est encore tout boueux car l’entreprise de nettoyage ne passera que dans quelques jours. Je dors dans le canapé lit au premier étage ce soir. « En 67 ans passés dans cette maison, c’est la quatrième fois que ça arrive, mais cette fois c’est la pire. Depuis qu’ils ont refait le trottoir devant la maison, l’eau de la pluie ne s’évacue pas comme il faut. »

Samedi 11 juin, 2022. La Rochelle, Île d’Oléron, Marennes-Hiers-Brouage, La Tremblade, Royan.

Ce matin, je prends le bateau pour l’île d’Oléron. C’est le moyen le plus efficace que j’ai trouvé pour éviter l’estuaire de la Charente qui m’aurait aussi obligée à rentrer vers l’intérieur des terres. La journée s’annonce longue car l’étape de marche est vraiment exagérée… Je ne me pose pas plus de questions, je me dis simplement qu’il faudra de toute évidence trouver un relai en car à un moment donné, probablement depuis la Tremblade jusqu’à Royan. Journée au pas de course. Petite appréhension de me retrouver sur cette île où j’apprenais il y a quelques années l’accident vasculaire cérébral de mon père qui le cloua au lit et le propulsa dans un ailleurs très lointain jusqu’à ce jour. Je traverse l’île au pas de course en passant par les fermes ostréicoles. dont les petites cabanes à rayures attirent les promeneurs. Je file, je trace, je traverse le pont en car, je ressors à Marennes pour marcher à toute vitesse en direction de la Tremblade pour prendre un deuxième car pour Royan. Je traverse le viaduc de la Seudre à pied en m’efforçant de ne pas céder à la panique du vertige. Je me retrouve suspendue à une cinquantaine de mètres au dessus de la mer, fouettée par vent. Je m’accroche à la rambarde en chantonnant des airs stupides pour tenter d’ignorer les voitures qui déboulent à toute blinde. Je maudis cette si gentille dame qui m’a encouragée à poursuivre à pied par le pont pour la pleine expérience d’une vue imprenable. J’arrive toute tremblante à la Tremblade pour reprendre un car. Mais quelle idée cette journée est vraiment mal organisée. Arrivée à l’hôtel, la patronne m’annonce que ma chambre est réservée pour le lendemain. Je consulte mon calendrier et tout s’explique: j’ai fait deux étapes en une journée. En effet je devais dormir à Oléron ce soir, mais l’île m’a, comme qui dirait, expulsée de son sol pour m’éviter de recevoir une mauvaise nouvelle. La patronne s’amuse de mon étourderie et rectifie mon erreur. Je gagne une journée dans mon planning des jours à venir, ce qui me permet de prévoir une nuit à Soulac-sur-mer dont Anne-Laure Boyer m’avait parlé en évoquant le livre de Sophie Poirier, le Signal.

Dimanche 12 juin 2022, Royan, Le Verdon-sur-mer, Soulac-sur-mer

Matinée tranquille dans la chambre d’hôtel au papier peint qui m’offre une vue sur la plage. Cela fait quelques jours que je pense à l’artiste Paula Rego, décédée il y a peu. En marchant je pense à ses « femmes chiens » qui hurlent sous la lune. Je cherche le documentaire qu’a réalisé son fils sur internet. Émouvant portrait d’un homme qui tente d’élucider le mystère de sa mère. Une femme née et élevée dans le Portugal qu’ont connu mes parents, celui de la dictature et de la censure, où la bourgeoisie se tenait à carreaux en taisant ses frustrations par des non-dits. Je comprends bien cette retenue. J’ai grandi un peu comme ça, dans le silence des mots que je n’ai pas dit. Je préférais écouter les autres, écouter les histoires, rêver éveillée. Le théâtre m’a sortie de ce mutisme et m’a permis de faire partie du monde, d’avoir une voix et un corps aussi. 

Les tableaux de Paula Rego sont connus, entre autres, pour ses compositions narratives. Le documentaire dévoile que l’artiste créait des installations dans son studio qui étaient de véritables scénographies pré-peinture. Elle créait un décor avec du mobilier, des objets, des accessoires et ses personnages qui posaient pour elle, souvent en costume. Paula faisait ensuite un travail d’observation. La scénographie apparait comme le premier moyen d’expression mais aussi comme le terrain de jeu qui permet de composer à l’intérieur du tableau. Ce qui reste de la scène sur la toile, n’est que la représentation d’un moment que l’artiste a permis d’exister dans son studio. Instants partagés avec ses modèles et ses objets. 

Je quitte la chambre à l’heure prévue et je vais faire un tour aux halles de Royan avant de prendre le bac pour traverser l’estuaire de la Gironde. En chemin, je passe par une librairie où je trouve le livre de Sophie Poirier. Je sais maintenant ce que je ferai à Soulac-sur-Mer ce soir. Royan est une ville rayonnante aux allures fifties. Elle me fait penser au Havre sous le soleil. Le marché central est un bijou de l’architecture moderniste. Je me fais plaisir en flânant dans les allées pour admirer la perspective et les étals colorés de poissons, d’huîtres et de crustacés. 

Le bac quitte le port à 12h35. Je me retrouve sur le pont comme dans un théâtre. Le public est assis sur des bancs disposés en rangées rectilignes disposés dans la même direction. Tout le monde regarde droit devant. Le cadre de scène est dilué dans le bleu du ciel qui rejoint celui de la mer. Le spectacle se passe devant nos yeux mais nous sommes tout aussi éclairés par la lumière du soleil. Une famille avec un chien, un groupe de cyclistes, une mère et sa fille, de jeunes amoureux. Je distingue ceux qui voyagent, des habitués. On s’assied, on s’étire au soleil, on se protège des rayons UV. 

Arrivée à Verdon, je marche en suivant la ligne de chemin de fer désafectée qui a acheminé les premières pierres servant à endiguer la côte dès 1830. L’ensablement et l’érosion font partie de l’histoire de ces terres. au bout de quelques kilomètres, je traverse la dune pour marcher sur la plage, dans l’espoir de me baigner mais les vagues sont trop hautes et le courant trop fort. La plage s’étire sur des kilomètres sans personne. On ne voit que les traces du passage humain: cabanes et aménagements divers construits avec les restes que la mer a déversé sur le sable. Je continue par le bord de mer, rafraîchie et déchaussée. J’arrive assez rapidement à Soulac par le remblai. Une statue de la liberté m’accueille le bras levé, coiffée de sa couronne et des drapeaux français, américains et européens qui flottent nonchalament autour d’elle. La reproduction miniature du monument historique rend ici hommage aux soldats américains venus se battre pendant la seconde guerre mondiale. Je continue d’avancer sur la ville qui grossit sur le sable. Je m’attable à un café pour déjeuner/dîner et aller me réfugier dans la fraicheur de la chambre d’auberge et passer le reste de la soirée à lire le Signal

«  A la fin des années 1960, on pouvait donner des noms pareils aux immeubles. Cinquante ans plus tard, toute la ville regrette — dire qu’on projetait un plan d’urbanisme de neuf bâtiments identiques sur cette artère, plus un hôtel de luxe et un centre de thalassothérapie, des piscines, des commerces. Et maintenant, seul à cet endroit privilégié, on ne voit plus que lui, avec son nom de catastrophe. La première ligne, on devrait le savoir, surtout ici au Nord-Médoc où on a la mémoire de la guerre, est celle des soldats qui ont peu de chance d’en réchapper. » Sophie Poirier, Le Signal, p.18

Lundi, 13 juin 2022. Soulac-Sur-Mer, plage de l’Amélie, Montalivet.

Aujourd’hui, cela ait exactement 7 ans que je suis partie à pied de Nauzenac pour arriver dans l’Ubaye 40 jours plus tard. Je fête l’anniversaire de cette marche par un bon petit déjeuner. En quittant l’hôtel, je discute avec le patron Richard. Il est venu s’installer ici avec sa femme il y a dix ans et il est très attaché à cette région. Sa fille a grandi ici et c’est un vrai dauphin, elle passe beaucoup de temps dans l’eau à faire du surf. Il aurait beaucoup plus de choses à dire sur Soulac mais il est seul à l’accueil ce matin et ne peut quitter son poste. Il m’autorise à le recontacter ultérieurement pour que nous reparlions de tout ça. Il me conseille d’aller à la basilique Notre Dame de la Fin des Terres qui se trouve juste à côté.  Élevée à l’emplacement d’un oratoire plusieurs fois reconstruit avant l’an mil, l’église romane dédiée à Notre Dame de la Fin des Terres est achevée au 12ème siècle. Au 15ème siècle, l’invasion des sables et la montée des eaux obligent à rehausser le niveau du sol de 3,60 mètres et à condamnant ainsi la porte principale. Au 18ème siècle, une nouvelle progression des sables condamne le bâtiment à l’abandon jusqu’à son désensablement en 1860. Le 20 juillet 1891, le bâtiment est classé monument historique et sa restauration achevée en 1910. Nous pourrions aujourd’hui le classer monument climatique, ayant résisté aux aléas des vents, des sables, des eaux et marées. 

Pause café avant de repartir par la plage. Je repère rapidement le Signal que je vais visiter comme un lieu de culte. Je m’approche en gardant mes yeux sur lui depuis le lointain. Il grossit à vue d’oeil et bientôt je me retrouve à ses pieds. Je monte sur le promontoire et franchis timidement les quelques barrières qui ont été jetées à terre. L’immeuble est décharné, vidé de sa substance. Sophie Poirier décrit très bien cette sensation d’intrusion qu’on peut ressentir à l’approche du bâtiment couverts de tags, de peintures murales et de déjections. Je lui tourne autour et je repense à ma lecture de la veille qui évoque les habitants expropriés, la tristesse de leur départs, leur sentiment d’injustice, leur amour pour la mer, seule raison d’avoir voulu acheter ces appartements les pieds dans l’eau. J’ai longtemps suivi des cas d’expropriation par des grands projets de développement. Ces derniers faisaient partie d’un programme politique. On déplaçait des habitants pour construire un aéroport, un port, un barrage. En compensation, on expropriait les habitants plus ou moins correctement. Mais au fil des années, certains gouvernements ont appris à valoriser ce qui ne se remplace pas. Quelle que soit la compensation financière ou en nature,  une expropriation est, pour la plupart, un arrachement. Que se passera-t-il lorsque d’autres « Signal » seront évacués? Est-ce que les aléas climatiques font partie des programmes politiques? Va-t-on pouvoir exproprier dignement les personnes forcées d’évacuation par la mer?  

Je repars par la plage, en m’éloignant du bâtiment fantôme, dans la direction de Montalivet-les-Bains. À marée basse, la plage est immense, lumineuse et fraîche. Je croise quelques corps dénudés, toujours en mouvement. un peu plus loin je regarde la dune qui s’effondre et s’effrite. Quelques arbres sont tombés. On dirait plutôt qu’ils ont glissé le long de la dune, comme sur un toboggan, avec leurs racines à moitié découvertes. La mer et la forêt s’affrontent sur le sable. Les divers éléments ici présents conversent, s’entretiennent, entrent en collision ou s’anamorphosent. Cailloux et coquillages, rochers qui suintent des pertes ferrugineuses qui deviennent liquides au contact de l’eau de mer. Il y a des flaques orangées mélangées au sable gris et aux algues noires disposées au sol comme des chevelures au vent. Juste avant d’arriver à la plage de l’Amélie, j’aperçois des visages et des formes mi-humaines mi animales, parfois aussi végétales, sculptées sur la falaise friable. 

La plage de l’Amélie est totalement aménagée, endiguée et puis interrompue, impossible donc de continuer à marcher sur le sable le long de la mer. Sur une corniche, une maison semble avoir été condamnée. Au seuil de son jardin, une énorme digue en forme de palissade où vient frapper la mer, tente de retenir ce qui reste de terrain. Et un peu plus loin, dans le même cas, se trouve un camping qui continue à jouir de sa situation en bord de mer, au bord du précipice. Un peu plus loin, on devine les prochaines maisons qui subiront l’effondrement. Je croise un jeune couple. Romain et Léonie sont en train de ramasser du bois flottant et ils commentent la plage disparue. Romain vient passer tous ses étés ici depuis 20 ans avec ses grands-parents qui ont un mobil-home. Il me confirme que la maison en première ligne est bien condamnée. La préfecture a ordonné l’interdiction d’y habiter à cause des risques d’effondrement. En 20 ans, la plage a bien changé. Ils se souvient de marcher longtemps sur le sable avant d’arriver à la mer. J’enregistre son témoignage. 

Vacances en mobil-home pour se poser là où on veut, là où on peut. Maisons sur roues, sur roulettes, sur pilotis, sur des échasses ou maisons à étages avec le rez-de-chaussée pour accueillir la mer. On fait des nids comme des oiseaux. On migre, on vole, on quitte, on se réinstalle, on s’adapte, on suit le soleil, on pose sa vie où on peut. 

Le repars par le chemin qui passe derrière la maison condamnée et je vois que le portail est fermé surmonté d’un écriteau propriété privée. Dans le jardin, il y a un campement et des enfants qui jouent. Je me raconte cette histoire, que faute de pouvoir habiter dans leur maison, les propriétaires, ne voulant pas quitter leur terre, campent dans leur jardin. Je poursuis en traversant le camping et je remarque que les mobil-home premium sont ceux qui se trouvent en bord de falaise, le nez dans l’eau. 

Mardi 14 juin, 2022. Montalivet, Hourtin plage et Hourtin ville.

Réveil au camping municipal de Montalivet. Je vais prendre mon petit déjeuner au café qui se trouve sur la place du marché. Il est tôt et les commerçants qui ont installé leurs étalages attendent les clients au café. Le patron discute avec ses habitués. Le fait que je marche intrigue. Ici c’est plutôt le paradis du vélo. Je n’ai d’ailleurs croisé qu’un seul marcheur sur le GR8, et plus aucun depuis. Le patron du café me demande où je compte aller comme ça. Ma prochaine étape est Hourtin. « Par la plage? » rajoute-t-il « attention aux marées, car à marée haute on ne passe plus à certains endroits ». Je prends note promets de rester vigilante. La marée basse est dans deux heures, ce qui me laisse en tous cas quatre bonnes heures de marche par la plage. Sable sable sable mer mer mer dune dune dune. Rencontre avec une méduse échouée sur le sable à que je fais la conversation pendant quelques temps. J’ai l’impression qu’elle respire, qu’elle écoute. J’ai envie de la ramener jusqu’à l’eau mais je ne sais pas comment m’y prendre. Le ciel se reflète sur la surface gélatineuse de son corps dont la transparence laisse entrevoir la couleur du sable et c’est comme une boule de cristal qui dévoile l’avenir du paysage. Par sa respiration presque imperceptible, elle semble vouloir dire « J’attends que la mer veuille bien me reprendre » Attendre patiemment pour bouger, nager et revivre. Entretemps, elle s’est mise en mode paysage. Elle devient ce qui l’entoure. Elle fait mine d’exister comme du sable pour redevenir aquatique quand la mer remontera. 

Souvenir d’un dauphin mort sur la plage en vendée, tête coupée, ventre ouvert et entrailles sur le sable. Souvenir d’une tête de requin sur le sable. Souvenirs de famille. 

Arrivée à Hourtin plage, je vais boire un orangina devant le surf shop où je rentre pour interroger le patron. Ici, ce sont les surfeurs qui observent la mer. Ce sont eux qui connaissent la mer. Stéphan est né ici. Il fait du surf depuis qu’il a le souvenir d’exister. Quand je l’interroge sur l’évolution du paysage, il me dit qu’effectivement ça bouge, mais que la mer n’a pas trop changé par ici. Juste la terre. D’ailleurs, il ne comprend pas pourquoi la municipalité creuse les accès à la plage. Il a l’impression que ça empire l’érosion, mais après tout, ils doivent savoir ce qu’ils font. 

Les plages ici sont des cimetières à bunkers. Échoués sur la plage, ces dépouilles de ciment sont parfois repeints, décorés, agrémentés. Ces abris qui protégeait autrefois la peau des soldats venus se battre sur le front sont aujourd’hui des cachettes pour les enfants et des refuges à crabes. 

Ce soir je dors à l’intérieur des terres, dans une ferme à Hourtin. 

Mercredi 15 juin, 2022. Hourtin ville, Lacanau ville, Lacanau plage, Lacanau Océan.

Les prévisions de canicule me font partir aux aurores. Je quitte la chambre d’hôte et je commence à marcher en direction de Lacanau par l’intérieur des terres. Dans la forêt, j’entends des oiseaux et je tente un enregistrement. On verra bien ce que ça donne. Ça me plait bien de rester en silence devant l’appareil, en écoutant ce qu’il enregistre mais aussi en imaginant ce que j’entendrai une fois chez moi. J’ai droit à un vrai concert! 

Le conservatoire du littoral m’appelle pour annuler la rencontre prévue au domaine de Certes et Graveyron. Le site ferme à cause de la canicule. Déception de ne pas pouvoir dérouler mon périple dans le cadre d’une rencontre avec un public. Le rendez-vous avec la responsable du site est maintenu dans deux jours pour discuter du projet. 

Je m’arrête à Hourtin ville pour boire un café et poster quelques cartes et puis je reprends le chemin sur la piste cyclable: ligne droite qui scinde la forêt de pins en deux sans ombre,  bande de goudron tirée au-dessus ou à côté des câbles de haute tension qui alimentent les agglomérations. Le soleil est au zénith et je n’ai aucune ombre. Le chemin commence à frétiller sous la chaleur. Il fait 38 degrés et je sens que je ne tiendrai pas longtemps sur cette droite. Joues en feu, et déjà presque sans eau dans ma gourde, je prends la sage décision de rejoindre la route pour faire du stop. Une étudiante qui doit rejoindre Bordeaux me conduit jusqu’à Lacanau ville. 14 heures, pause sandwich sous le auvent de la mairie, puis café dans un bistrot local. Enfin à l’ombre! 

Je dois marcher 1h30 pour rejoindre la chambre où je dors ce soir au bord du lac de Lacanau. Je dépose mon sac, je prends une douche froide et assommée par la chaleur, je reste allongée dans le noir pendant au moins une heure. Le soir, je vais jusqu’à Lacanau plage. Ville de mer à même le sable. La plage est endiguée sur trois étages. Les enrochements pour ralentir l’érosion sont les plus impressionnants que j’ai vus depuis le début du voyage. Le front de mer, plus haut que le reste de la ville qui se trouve en contrebas, est une sorte de dernier rempart avant l’inondation. Je suis aussi impressionnée par le nombre de gens qui se trouvent concentrés sur ce littoral. Nous ne sommes pas encore au mois de juillet et il y a foule dans les rues et sur la plage. Les gens s’amusent, parlent fort, se prennent en photo, écoutent de la musique, courent, mangent, boivent. Les terrasses de café sont pleines à craquer. Les serveurs courent à toute vitesse avec des plateaux chaud devant, chaud devant! Après cette journée de canicule, la recherche du bien-être maritime créé une vision d’horreur. Une apocalypse. Vite vite, je quitte le bord de mer pour repartir à pied par la piste cyclable. Enfin un peu de calme. 

Jeudi 16 juin 2022. Lacanau ville, Lanton.

Je dois être à Lanton à 12h pour réceptionner les clefs de l’appartement où je vais séjourner. Impossible de trouver un moyen de transport. Je choisi donc de me replier sur le moyen le plus sûr de circuler dans cette partie de la France : l’autostop. Je fais la rencontre de quatre personnes charmantes: une kinésithérapeute, un maître nageur, un agent immobilier et une jeune mère. 

La discussion aboutit parfois au sujet de l’érosion du trait de côte. Le maître nageur se sent concerné par cette question. Il a quitté le bord de mer pour s’installer en forêt et l’été il refuse d’aller à la mer. C’est devenu insupportable. La discussion avec l’agent immobilier est également très intéressante. Les affaires marchent bien depuis le covid. Les bordelais ont eu envie de déménager ici pour avoir une meilleure qualité de vie. Les prix ne cessent d’augmenter, même dans les zones à risque. Le sujet de l’érosion est vite balayé. 

J’arrive à Lanton où Fabienne m’accueille dans son appartement. Amoureuse de sa région, elle me raconte l’histoire de l’île aux oiseaux, me décrit le port de Biganos et me laisse un tas de documentations. La canicule est sévère aujourd’hui et demain. Les températures vont grimper jusqu’à 42 degrés. Je reste au frais et décide de partir tôt demain matin pour faire le tour du bassin. Programme ambitieux car j’ai rdv à 15h à Audenge au site du conservatoire du littoral. 

Vendredi 17 juin 2022. Lanton, Arès, Lège Cap Ferret, Cap Ferret, Arcachon, Teste de Buch, Audenge

Je saute du lit pour me mettre en route. Je dois prendre un car à Arès qui m’emmène jusqu’à la pointe du Cap Ferret. J’ai entendu tellement d’histoire sur le cap Ferret, que je veux essayer d’aller voir ça de mes yeux, mais les temps sont courts et je cours toute la journée… Arrivée à la pointe du Cap, je dois marcher vite jusqu’à l’embarcadère de Bélisaire pour rejoindre Arcachon avec la navette maritime. Le GR passe par les dunes. Ici les maisons sont bien protégées par des barrières et des haies. La plupart du temps, on ne voit que le bout de leur toit. Les propriétés sont grandes et bien dissimulées. Les accès à la plage sont bien fréquentés. Je marche derrière un groupe de jeunes surfeurs qui partent en mer comme en pèlerinage. Une petite souris traverse le chemin de plage devant moi. 

J’arrive à Bélisaire en sueur. Il est 11h30 et la chaleur commence à grimper sérieusement. Le bateau sera plein. La traversée me rafraîchit un peu avant de poser pied dans la très étendue ville d’Arcachon qui se déploie en bord de bassin sur un remblai donnant sur un port assez monstrueux. Je marche jusqu’à teste de Buch, mais le train ne part pas avant 45 minutes, je continue de marcher et je finis par du stop. Cette fois-ci, je rencontre une jeune femme qui fume, une aide-soignante à domicile et un jeune homme taiseux. Je ne saurais rien de lui. 

J’arrive à l’heure au rdv au domaine de Certes et Graveyron. Je regarde l’exposition sur l’histoire du site, haut lieu de l’industrie piscicole au 19ème siècle qui s’adapte aujourd’hui aux nouveau régime climatique. En discutant avec Odile Courbin, je comprends mieux les enjeux et le rôle du conservatoire. Nous parlons du projet Effets Mer et de la sensibilisation aux sujets climatiques par l’art. Nous reviendrons jouer ici quand notre spectacle sera prêt. 

Une réponse à « Marche en Nouvelle Aquitaine, juin 2022. »

  1. J’attends avec impatience la suite de ce fabuleux et passionnant périple

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